mercredi 5 mai 2010

Chroniques Post-Terremoto

28 avril 2010, Tumbes, Chile

"2 mois plus tard".


Je suis partie une semaine, à l'endroit de l'épicentre du tremblement de terre. Cet après midi là, je prend des photos d'un village durement touché par le tsunami. Je rencontre deux femmes avec qui j'entame la conversation, Ana Maria et Belina.





Ana Maria nous conduit dans sa "media agua", ces maisons d'urgence temporaires en bois. Elle n'y habite pas, elle est pour l'instant hebergée dans la maison d'un vacancier qui lui a laissé ses clés.
De toute façon, elle ne veut pas y habiter. Le sol grince terriblement à chaque pas. Les fentes entre les planches laissent passer la pluie et le vent.
Belina m'explique qu'elle aussi a une media agua, mais que comme la plupart des réfugiés sismiques, elle préfère vivre dans une tente. Il y fait plus chaud.





Ana Maria me raconte comment sa chienne a été sauvée d'entre les décombres, après 3 jours.
Les deux femmes sont assises sur ce qu'il reste à Ana Maria. Quelques vêtements.


Elle m'emmène dans son ancienne maison. Sur le chemin, on passe devant l'église, emportée par les eaux. Ana Maria me dit qu'elle voit beaucoup de douleur dans les yeux de Jésus.










Tout en marchant, elle me raconte son histoire. Elle était dans sa maison lors du tremblement. Malgré la très forte secousse, celle-ci était intacte après les mouvements sismiques. Ana Maria a pris peur et comme ses voisins, elle a couru en haut de la colline. C'est là qu'elle s'est tordue la cheville. Depuis elle marche avec une béquille.
Elle est redescendue le matin pour découvrir que la mer avait emportée avec elle le premier étage. Il reste les murs principaux. Le 2ème étage est intacte.





Après le choc de la découverte, Ana Maria garde espoir de réparer sa maison.
Cette maison, elle y est née.
Un mois plus tard, des ingénieurs lui annoncent que les fondations sont trop instables. La maison devra être détruite.


Ana Maria passe des heures à regarder la mer, accompagnée du chien abandonné par son voisin lorsque qu'il a quitté le village après le tremblement.
Elle ne descend plus sur la plage. Elle a bien trop peur.





Elle regrette que les gens du village n'aient pas été plus solidaires. Nombre d'entre eux, qui vivaient plus haut sur la colline, à qui il n'est rien arrivé, n'ont tendu ni la main pour aider, ni l'épaule pour réconforter.
Elle remercie les pays étrangers pour l'aide apportée. Jamais les réfugiés sismiques n'ont manqué de nourriture.

L'ironie de l'histoire, c'est qu'elle n'a pas de titre de propriété de son terrain. Le village existe depuis environ deux-cent-cinquante ans mais peu des habitants en on fait la demande. Sans ce titre, elle ne recevra pas les aides du gouvernement.

Ana Maria rit encore.
Elle dit qu'il ne lui reste que ça de toute façon.

5 commentaires:

  1. Bravo Tess, ça s'est le métier qui rentre déjà ! Je t'embrasse bien fort, Cécile

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  2. Salut Tess
    et bravo aussi...bonnes photos mais... et oui, il y a toujours un mais...
    tu pourrais changer un peu plus tes points de vue et la distance avec ton sujet, cela dynamise le reportage ( Raymond Depardon a trouvé la bonne distance qui lui convient et il la garde souvent, mais c'est Raymond... et si cela est un parti pris , il doit être pris trés franchement...) sinon tu exprimes par tes images plein d'émotions et c'est trés bien
    continue
    bises Daniel

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  3. merci beaucoup pour les conseils
    gardez le cap!
    un beso chileno

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  4. Salut 'Ticule !
    Beh je ne savais que tu avais un blog moi ! Je découvre ça un peu tard... Tu nous reviens quand ? Gros baisers, à bientot !

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  5. Salut étienne, je ne connais pas d'elie miller mais bon y'en a qu'un pour m'appeler comme ça!
    Je rentre le 22 juillet... L'idée c'est de faire une grosse teuf 2 ou 3 jours après, tu seras dans le coin?
    Un abrazo grande, cuidate!

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