mercredi 14 octobre 2009

Ton âme en caravane

Cékoiça? A part un nom de blog, un peu bling-bling je vous l'accorde...

Premièrement, les paroles d'une chanson de La Rue Kétanou, Almarita (je ne connais pas de groupes qui content mieux les chemins...)





Deuxièmement, une philosophie de vie.


Ton âme en caravane, c'est voyager. Découvrir. Apprendre. Se confronter à l'autre, à l'inconnu. Eternelle fascination pour les gitans. La vie de nomade qui ne connaît pas de frontières. "Que ton coeur vole au vent"

Mais c'est surtout prendre la route en esprit. Avoir la capacité de s'émerveiller de ce que l'on voit. Toujours. Ne jamais considérer quelquechose comme "normal". C'est l'oeil qui s'habitue. C'est le cerveau qui s'éteint. Rester comme un enfant, s'étonner. Critiquer. Garder l'esprit ouvert, ne jamais s'enfermer dans une morale, qu'elle soit religieuse, idéologique. "Pas d'idéaux, juste des idées hautes". Magistrale Miss-Tic.


Alors, si tes pieds ne peuvent fouler un sol nouveau, construis à ton âme la plus belle des caravanes.

Loin des ports, je mouille en solitaire




















Miss-Tic, une "femme de l'être"

Ici.


« Je n’avoue pas, je me déclare. Oui, je me suis fait un nom, Miss.Tic.
Une nuit, au pied du mur, j’ai refusé les yeux ouverts ce que d’autres acceptent les yeux fermés. Par provocation j’ai inventé une fiction au rimmel littéraire et j’ai peint des femmes pour redonner du corps à la langue.
Les images des femmes que je représente sont issues des magazines féminins, je les détourne. Je développe une certaine image de la femme non pour la promouvoir mais pour la questionner. Je fais une sorte d’inventaire des positions féminines. Quelles postures choisissons-nous dans l’existence ? Je ne dessine ni n’écris mon roman personnel. Il s’agit pour moi de prendre position en tant qu’artiste et en tant que femme dans la cité et dans le monde de la création.
Créer c’est résister.
J’ai résisté à tout sauf à l’amour parfois, à l’humour jamais. »

Miss.Tic, « Il ne faut pas se voiler la postface… », in Re Garde Moi
(2003, Editions Alternatives, préface de Régine Deforges).

lundi 12 octobre 2009

Life is a bubble

Valparaiso au printemps est comme une bulle : légère et joyeuse




Bon allé je vous les montre en grand c'est quand même plus chouette...




















La vie c'est chouette
Pouet Pouet
Guili Guili
C'est chouette la vie


Momo dans Ernest s'énerve

jeudi 1 octobre 2009

Resistir para existir





Mercredi 30 septembre, Universidad de Playa Ancha (UPLA), Valparaiso

13h30

Je suis en cours de littérature dans le bâtiment central de ma faculté. Le silence est total, chacun est plongé dans la lecture d’une nouvelle d’Hemingway. Soudain, on entend des cris dans le couloir « lucha, lucha ! » et des coups sur les murs. Les élèves se précipitent dehors accompagnés de la prof : « à la semaine prochaine, n’oubliez pas de me rendre votre analyse du texte, ah oui et occupez vous de Tess » .
Un peu sonnée, je suis le mouvement, et l’on m’explique que c’est le signal, qui veut dire, en gros, « ça va être le bordel ». Tous s’éloignent du bâtiment. Je reste et observe ce qui se passe.

Des barricades sont dressées par les « capuchas » (les contestataires, étudiants, du mouvement libertaire pour la plupart, et qui ont le visage masqué) sur la route, empêchant les deux accès à la fac, faites de planches en bois et de pneus, dans lesquelles on jette des cocktail molotov pour y mettre le feu. Le bâtiment se vide et un groupe d’élève se masse en face pour regarder – élèves qui soutiennent le mouvement. On sent une tension dans l’air, tout le monde attend l’arrivée des « pacos » (flics). On fume une clope, on papote avec son voisin, il se passe bien 30 minutes et rien ne vient…


Dressage des barricades






Les deux accès sont bloqués



On aperçoit sur la photo ci dessus un carabinero qui fait la circulation



Arrive alors à toute vitesse un premier fourgon, qui se dirige vers le groupe des capuchas. Mouvement de panique dans la foule amassée sur le trottoir qui se met à l’abri. Une vingtaine de carabineros en descend, tentant d’attraper les activistes, qui se précipitent à l’intérieur de la fac. C’est en quelque sorte leur forteresse protectrice car les carabineros n’ont pas le droit d’y rentrer, sauf s’il y a le feu – ou s’il y a des atteintes au matériel - et toujours avec la permission du directeur.

le fourgon blindé



On m’explique qu’il ne faut pas courir sous peine d’être arrêté (pour simple présence sur les lieux), ni porter le keffieh que beaucoup de capuchas portent (une amie me raconte que sa cousine, marchant à coté d’affrontements a été détenue seulement pour avoir un keffieh dans son sac !). Les peines vont crescendo : une amende pour trouble à l’ordre public, plus si quelqu’un est arrêté avec une fronde. Pour détention de cocktail molotov, c’est 5 ans.

Un autre fourgon arrive, le « guanaco » (animal de la famille du lama), s’ensuit une lutte entre étudiants qui jettent des pierres et fourgons qui crachent vers eux. La première fois, on rigole beaucoup devant le ridicule du jet, qui ne va pas à plus de 5 mètres et avec peu de pression… Un peu moins quand on apprend que ce n’est pas seulement de l’eau mais aussi de la lacrymo. Plus du tout quand on sait qu’il y a un composant dans la lacrymo utilisée par les carabineros chilenos ultra cancérigène et interdit en Europe.

le guanaco qui crache, comprenez la métaphore!



Un air de déjà vu avec les images qui se profilent sous nos yeux : jeunes portant le keffieh, jettant des pierres à l’aide de fronde sur des fourgons blindés. Remplacez Israel par Autoritarisme et Capitalisme et vous voilà plongés dans un semblant "d’intifada" chilienne !

Pierres à la main



Voitures et micros, habitués, continuent leur route au-dessus des barricades...



Un micro trop téméraire à quand même crevé





Les étudiants, à grand coup de gazs lacrymogènes ont été repoussés dans la fac. Les carabineros dispersent la foule et défont les barricades, toujours en groupe serré et protégés par des boucliers. Restent un peu surveiller et s’en vont une fois que l’ordre est rétabli.

Retrait des carabineros



Las capuchas dans la fac - et sur le toit





Deux heures plus tard, retour sur les lieux. Quelques pneus qui fument sur les cotés de la route comme témoin des affrontements et une odeur tenace de lacrymo qui fait que chacun se tient un foulard devant le nez. Les yeux piquent, la gorge brûle un peu. On prend un micro et on rentre chez soi…

Pourquoi ces affrontements ?
Ayant posée la question à droite à gauche, on me répond souvent par un haussement d’épaule. C’est vrai que ça arrive souvent à la UPLA. Mais sont ils vraiment ces mômes qui jouent à la guerre ?
Un reproche que l’on peut faire est le manque de visibilité des revendications. Pas une banderole, pas un slogan… Mais si l’on creuse un peu, on découvre que ces affrontements ont lieu pour clore un mois de lutte (le dernier jour du mois, 30), car tout le mois de septembre est très agité. Le 11 septembre est en effet le jour de la commémoration du coup d’Etat, et de la mort d’Allende . On proteste contre le système qui n’a pas tellement changé depuis (la constitution est restée la même que sous pinochet) et pour des changements radicaux sur l’éducation, la santé, dans une société ultra libéralisée (Cher gouvernement, arrête de nous dire que le libéralisme est une recette qui marche et met les pieds au Chili) sur fond de lutte pour les droits des mapuches (communauté indigène). Le mois de septembre étant aussi le mois de la patrie (18 septembre, indépendance du chili) se mêle alors des manifestations ultra-patriotiques de toute la société chilienne (non réservée à la droite..), chacun ayant par exemple un drapeau chilien à la fenêtre de sa maison (sous peine d’amende !), avec des contestations très fortes du pouvoir en place…
Etranges contradictions de la société chilienne.