mardi 26 mars 2013

La lune d'Adam


Août 2012, Camp Anne, New York State, USA







Adam est un petit garçon joyeux. Il sourit tout le temps, son monde a l’air beau. Je dis son monde, parce qu’il ne vit pas vraiment dans le notre. Adam est autiste.

Son monde est rythmé par le grincement de la balançoire sur laquelle il peut rester des heures. Je l’ai attendu, longtemps, assise sur une chaise. Puis je me suis balancée.

Son monde est peuplé de singes, de trains, et de tous ses contes pour enfants qu’il récite mécaniquement, par coeur, le regard lointain. Tous les soirs, alors que la lune se lève, il se tourne face à elle et lui adresse :

"Moon, moon, moon, shining bright
Moon, moon, moon, my night light
Moon, moon, moon, I can see
Moon, moon, moon, you’re taking care of me. "

Au début, je le prenais par la main et l’encourageais à continuer son chemin. Il était tard, il y avait encore tant à faire: la douche, le pyjama, les dents, chacune de ces tâches qui demandent à Adam tant de concentration.

Et puis je l’ai écouté réciter sa comptine, encore et encore. J’ai regardé la lune.


Je pensais que j’allais enseigner mon monde à Adam. C’est lui qui m’a appris le sien, et, parfois, j’aurai souhaité ne jamais le quitter.




Adam passe un temps considérable à faire tournoyer un fil dans sa main, ça le calme. Lorsqu'il se concentre, son visage se contracte.


Il peut rester des heures à se balancer, en chantant des comptines.


J'ai réussi à tirer Adam hors de la balançoire pour profiter de la fête. Il ne socialise pas, il est fasciné par les ronds de savons scintillants qu'une machine à bulle projette dans la salle.


Adam a une capacité de concentration très limitée. Après quelques gribouillis, il se lève et se dirige vers la balançoire.


A cheval, Adam est plus intéressé par le morceau de crépon qu'il fait tournoyer dans ses mains que par les mouvements de l'animal.



Dans la chambre de sa cabine, Adam tourne en rond. Il récite des contes appris à l'école.


Adam se repose dans son coin.


Adam passe la majorité de son temps seul. Il sourit, il est heureux ainsi.








Adam est monté à l'arrière du tracteur. Il s'écrie: "C'est comme un train!". Il est fou de joie, les trains le fascinent.







"Goodbye, moon."

Adam.